top of page

Patagonie : jusqu'au bout du monde

  • Mar 31, 2019
  • 7 min read

Updated: Apr 2, 2019

La Patagonie, c’est 1 140 532 km2, un territoire qui s’étend sur deux pays, de Chaitén au Chili jusqu’à Ushuaia à l’extrême sud de l’Argentine. Côté Chilien, elle est souvent associée à la Carretera Austral - humblement surnommée plus belle route au monde - une route côtière qui relie Puerto Montt à Villa O’Higgins. Si vous avez l’occasion de l’emprunter, c’est un voyage inoubliable qui vous fera traverser lacs et montagnes, vallées verdoyantes et prodigieux parcs nationaux. Et tout au bout du voyage, le majestueux glacier O’Higgins, 4ème plus grand au monde, que les touristes les plus chanceux peuvent admirer de près grâce à des excursions en bateau.


Côté Argentine, la Ruta 40 est peut-être plus célèbre encore que sa voisine. Elle est indéniablement plus touristique. Ses deux atouts : El Chalten, ou LA capitale de la randonnée en Argentine, et le glacier Perito Moreno, l’un des joyaux de la Patagonie.


Sans aucune contrainte de temps devant nous, libres comme l’air d’avancer à notre propre rythme et de ne rien manquer, nous avons eu le loisir de visiter la Patagonie dans sa (presque) totalité.



Villa O'Higgins, la fin de la Carretera austral


Mon récit débute sur la rive ouest du lac General Carrera, dans la petite ville portuaire de Puerto Ibañez. Le frère de Mikel nous a quitté depuis deux jours, et nous avons déjà effectué quelques centaines de kilomètres le long de la Carretera austral. Pourtant pour moi, c’est ici que tout a commencé, ici que l’image que j’avais de la Patagonie est venue se coller à la réalité. De Puerto Ibañez nous empruntons un ferry ma foi très comfortable qui traverse le lac de nord en sud et débarque ses passagers dans la ville au nom magique de Chile Chico. 2h à jouer avec la frontière argentine et à contempler cette eau turquoise fascinante.


De retour sur la terre ferme, nous gagnons Cochrane à 180 km plus au sud en gardant constamment le lac à notre droite. Nous roulons ainsi plusieurs heures dans un décor intouché de montagnes et de glaciers dont les reflets se perdent dans l’immensité des eaux si claires du lac General Carrera. Sublime spectacle. Nous déjeunons au bord de l’eau dans la ville de Puerto Guadal, surnommée la perle du lac. Plus loin sur le chemin nous longeons le lac Bertrand, si clair et d’une couleur bleu acier irréelle. Du jamais vu! Et comme cette journée semble tournée sur le thème de l’eau, nous campons sur la rive sud de la laguna Esmeralda, à 7km de la ville de Cochrane. Il est dit que ses eaux sont les plus chaudes de la région. Avant le coucher du soleil une famille vient d’ailleurs y prendre un bain puis nous laisse seuls pour la nuit.



Le lendemain nous reprenons la route vers le sud direction Villa O’Higgins, la fin officielle de la Carretera Austral. C’est une partie qui me semble plus vierge, sauvage. C’est agréable de rouler sous les arbres et aux pieds des montagnes enneigées. Nous ne croisons personne jusqu’à Tortel, une ville unique et insolite où chaque maison est construite sur pilotis. Aucun accès en voiture n’y est possible, tout se fait à pieds le long de passerelles de bois. La vue sur le fjord et le va et vient des bateaux en provenance de Puerto Natales est sublime. Nous quittons Tortel et nous installons pour la nuit face aux montagnes et en bord de rivière.


Un ferry et quelques heures de trajet plus tard, nous voici à Villa O’Higgins, une petite ville complètement entourée de montagnes qui ressemble à s’y méprendre au bout du monde. Commerces fermés pour la saison, un seul point d’entrée et de sortie, des centaines de kilomètres vierges de toute civilisation dans chaque direction, et ce sentiment palpable d’avoir atteint la fin de toute chose…


Nous resterons quatre jours dans ce bout du monde isolé à attendre que le temps s’améliore. Depuis notre arrivée il y fait très froid et la pluie vient chaque jour perturber nos projets de randonnée. Impossible également de s’approcher du glacier O’Higgins sans bonnes conditions météorologiques. Heureusement la bibliothèque municipale dispose d’une connexion wifi et offre un refuge chaleureux. Finalement, après ce qui nous a semblé une éternité, nous embarquons à bord d’un petit navire aux côtés de 10 autres passagers et voguons sur le lac O’Higgins, le plus profond d’Amérique latine. Le temps est particulièrement splendide, insipide après les quatre jours d’hiver que nous avons vécu.


Après deux heures de navigation, nous atteignons les premiers icebergs à la dérive et leurs magnifiques tons de bleu. Dans ce paysage hors norme, inédit, chaque morceau de glace est différent, unique. Le bateau frôle les icebergs et nous ôtons nos gants pour toucher la glace. Enfin nous arrivons au glacier O’Higgins, un mur de glace impressionnant. Malheureusement cette force de la nature se meurt chaque année un peu plus, et dans 10, 15, 20 ans aura peut-être complètement disparu.


ree

Le parc national Patagonia, entre deux mondes


Deux jours après avoir quitté Villa O’Higgins, nous sommes en route pour l’Argentine! La frontière la plus proche se situe dans le parc national Patagonia, au coeur de la vallée Chacabuco. Nous croisons sur notre chemin des milliers de guanacos qui vivent paisiblement au milieu de la pampa. Plus loin c’est un puma qui circule tranquillement dans le parc. Un peu avant de quitter le Chili nous nous offrons l’une des plus belles randonnées du voyage, 5h de marche entre forêt, lacs et montagnes, avec vue imprenable sur le lac Cochrane et son eau cristalline. La nuit le ciel est clair et dégagé, un magnifique spectacle étoilé. Le lendemain nous passons en Argentine, sans aucunes difficultés!


ree

Fitz Roy et Perito Moreno, les deux géants.


Nous arrivons sur El Chalten par une journée ensoleillée via la ruta 41. Quelle vision que cette chaîne de montagnes dentellée qui se rapproche de nous peu à peu. Et aux pieds de ces sommets enneigés, une petite ville bien touristique, le point de départ de nombreuses randonnées. La plus célèbre est celle qui mène aux pieds du Fitz Roy, la plus haute montagne de la région. C’est celle que nous choisissons pour la journée du lendemain, quelques 20 kilomètres de marche pour un dépaysement à couper le souffle! Nous prenons tôt un bus qui nous emmène plus au nord et commençons notre itinéraire de retour vers El Chalten. En chemin nous contemplons le glacier Piedra Blanca et écoutons l’écho des grincements de la glace qui fond. A la mi journée nous atteignons la base de l’ascension à la laguna Tres et au point de vue spectaculaire sur Fitz Roy. Il faut une heure d’ascension vertigineuse pour accéder au Graal. Car le décor qui nous attend au sommet est l’un des plus fabuleux que nous eûmes la chance de contempler.


Le temps tourne et brise notre rêverie. Il faut repartir et laisser derrière nous cet endroit idyllique. Les 8 kilomètres qui nous séparent de la ville sont agréables et faciles. Une fois dans les rues animées d’El Chalten le froid se fait de nouveau sentir et la journée se termine au chaud dans un restaurant.


La tête encore pleine de notre excursion de la vieille, nous reprenons la route vers El Calafate, la grosse ville du coin et surtout, la porte d’entrée au glacier Perito Moreno, l’une des merveilles de la Patagonie. Nous arrivons dans le parc national Perito Moreno peu après 10h du matin. Les bus des tours opérateurs sont déjà là eux aussi. Nous ne sommes pas les seuls à vouloir observer au plus près ce prodigieux bloc de glace qui chaque année croît et décroît en fonction de la saison. C’est l’un des seuls que le changement climatique n’a pas perturbé. Le jour de notre visite, nous avons la chance de voir plusieurs morceaux de glace se détacher du glacier et tomber à ses pieds dans un bruit fracassant de verre brisé. Quel spectacle! Nous restons de longues heures à arpenter les passerelles qui longent le Perito Moreno et offrent aux visiteurs de nombreux points de vues sur le glacier aux teintes bleutées.


ree

Ushuaia ou la fin du monde


Les jours suivants nous sommes de retour au Chili. Nous avons choisi de descendre sur Ushuaia tout en traversant les villes mythiques de la Patagonie; Puerto Natales et le parc national Torres del Paine entre autres, paysage dramatique sous d’épais nuages gris. Nous ne restons toutefois qu’un court instant. L’hiver approche et avec lui, l’impossibilité d’atteindre “el fin del mundo”, la fin du monde. Nous arrivons sur Ushuaia à six mois jour pour jour de notre départ pour l’Amérique latine. Une parilla locale et copieuse s’impose pour célébrer l’instant (grillades de viandes)! Le ventre bien rempli nous affrontons notre première nuit à Ushuaia. Au réveil, nous découvrons la ville et sa baie. Le cadre dans lequel elle fut construite est superbe, la nature y est partout présente, et les montagnes qui l’entourent un véritable ravissement. Les bâtiments eux sont beaucoup moins jolis, et je ne cesse de penser qu’autrement aménagée, la ville aurait pu avoir un autre cachet.


L’après-midi nous grimpons au glacier Martial qui surplombe la baie d’Ushuaia. La neige sur laquelle nous marchons est toute récente, autre preuve de l’imminence de l’hiver. Après une seconde nuit bien emmitouflés nous partons pour le parc national Fin del Mundo à quelques kilomètres à l’ouest. Ce jour là le ciel est dégagé et nous profitons d’une magnifique vue à 360 degrés sur Ushuaia, sa baie et le paysage de montagne et de mer tout autour. Au loin le canal de Beagle et son entrée dans l'océan, porte d’accès à l’Antarctique. Nous nous offrons un riche chocolat chaud à la descente tandis que la pluie fait son retour et s’abat sur les vitres du centre de visiteurs. Le parc alors, a des airs de campagne écossaise.


Le second jour nous visitons le bureau de poste de la fin du monde, l’ultime présence de civilisation avant d’atteindre le pôle sud et ses stations scientifiques. Une jolie randonnée de 8km le long du canal nous ramène au centre de visiteurs où nous nous laissons tenter par un second chocolat chaud! Dernier instant plaisir dans ce parc qui nous a beaucoup plu et dont nous n’attendions rien. Le lendemain il nous faut être de retour en ville pour passer un appel important : c’est l’anniversaire de ma petite maman.


ree

Ainsi se termine notre voyage en Terre de Feu. D’une fin du monde à une autre, la Patagonie et ses extrêmes restera gravée dans nos mémoires. Et qui sait, sur le chemin du retour, peut-être nous surprendra t-elle encore…

댓글


bottom of page